Les startups de la Tech française, pourtant prolixes sur les enjeux de RSE, sont étonnamment silencieuses sur le sujet de la parité hommes-femmes, et régulièrement montrées du doigt sur ce point : L’étude SISTA x Boston Consulting Group (BCG) faisait ressortir la place très insuffisante des femmes au sein des comités de direction des 40 premières startups françaises (seulement 18% !).

Depuis la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel,, il existe un indice pour mesurer le degré de parité de façon uniforme au sein des entreprises (voir encadré) : c’est l' »Index de l’égalité professionnelle et représentation équilibrée femmes-hommes », plus simplement appelé #IndexEgapro. Calculé sur la base de 5 critères (détaillés dans l’infographie ci-dessous), il mesure plus spécifiquement les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes

Depuis 2019, toutes les entreprises de plus de 250 salariés et, depuis 2020, toutes celles de plus de 50 salariés doivent calculer et publier leur Index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (note globale sur 100), chaque année au 1er mars.

L’analyse de l’index Egapro, qui fait l’objet de cette #infographieReemind, est donc assez éclairante en complément des constats déjà effectués récemment, et permet d’objectiver le débat, mais aussi de mieux mesurer les efforts qui restent à fournir concrètement.

De fait, alors que les entreprises du CAC40 ont largement intégré l’index Egapro, et communiquent sur les actions menées pour le faire évoluer favorablement, les start ups de la tech, et en particulier celles du Next40, ont eu tendance à dédaigner cet indicateur, qui doit pourtant être publié chaque année à partir du 1er mars comme l’exige la loi.


Egalité hommes femmes dans la French tech, les constats :

En moyenne, les startups de la French tech Next40 atteignent tout juste la moyenne nationale de 86/100, pourtant considérée comme peu glorieuse, et régulièrement taclée par le ministère du Travail. Un comble quand on considère que la moyenne d’âge des fondateurs de startups est inférieure à celle des patrons d’entreprises français (et qu’on pourrait penser que le souci de parité est devenu de plus en plus « natif »), que leur culture est digitale, progressiste tournée vers l’innovation (et implicitement humaniste ?), et surtout que ces startups communiquent régulièrement sur leur engagement pour plus d’inclusion et de diversité en plus des autres enjeux RSE. La parité, cause oubliée ?

Si l’on regarde l’ensemble des critères, celui qui fait le plus fréquemment « plonger » la note globale concerne la parité parmi les 10 plus hautes rémunérations de l’entreprise, ce qui rejoint et corrobore le constat de l’étude Sista x BCG sur le manque de féminisation des CoDir.

Autre constat assez marquant, 22% des startups du Next40 n’ont jamais (à ce jour !) publié leur index Egapro 2022, alors que la loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle et à renforcer les lois prises précédemment sur le sujet, l’exige : « la publication, par les services du ministère chargé du Travail, des résultats obtenus à l’ensemble des indicateurs de l’Index sur le site internet du ministère chargé du Travail. »

Troisième point à souligner, 10% des startups du Next40 ont un index inférieur au seuil d’alerte de 75/100 défini par le ministère du Travail (et ce chiffre ne tient pas compte de tous ceux qui n’ont pas publié leur index, contrairement à ce qu’exige la loi, il est donc potentiellement plus élevé !).

Or les entreprises dont l’index Egapro est inférieur à ce seuil ont l’obligation de publier, par une communication externe et au sein de l’entreprise, des mesures de correction concrètes, comme l’instaure la loi de 2021.

Il existe un 2ème seuil critique défini par un décret en 2022, celui de 85/100 : les entreprises ayant obtenu une note globale inférieure à 85 points ont l’obligation de fixer et publier des objectifs de progression de chacun des indicateurs de l’Index.
Or 33% des startups du Next40 se trouvent actuellement sous ce seuil critique.

Pour l’instant ces injonctions légales ont été très peu respectées par les startups du Next40 concernées.

 

Egalité hommes femmes dans la French tech, les efforts :

Heureusement, la prise de conscience collective au sein de la French tech est, sinon opérée, du moins en cours, et les efforts déjà menés doivent être salués :
Tout d’abord, le tableau est plus contrasté qu’il n’y parait, et plusieurs startups sont déjà depuis longtemps convaincues de l’importance de la parité, et investies dans son optimisation, notamment à travers les efforts menés dans le cadre des recrutements (notamment sur les profils tech), la promotion du leadership féminin et la féminisation du CoDir.

Si aucun n’atteint la note maximale de 100/100 (assez rare au niveau national il faut bien l’avouer !), 2 startups atteignent 99/100 et Mirakl 98/100. On dénombre 9 startups au dessus de 90/100 (voir classement ci-dessous). Ce sont les champions de l’égalité hommes-femmes de la French tech Next40 : Brut.MaltMiraklExotecŸnsectBlaBlaCar, ManoManoSwile et Shift Technology.
Ces bons résultats permettent de démontrer collectivement que ce n’est pas parce qu’on est plus tech qu’on est moins paritaires !
Et hop, un argument en moins !

Palmarès parité French tech Next 40 - infographie Reemind

Palmarès parité French tech Next 40 – infographie Reemind

 

 

Parmi celles qui étaient moins bien positionnées les années précédentes, beaucoup ont œuvré au quotidien pour améliorer leur index Egapro sur tous les critères concernés,
Qonto est par exemple passée d’un indice de 69/100 en 2021, soit un indice inférieur au seuil d’alerte de 75/100 à 89/100 en 2022, une progression considérable qui mérite d’être saluée, car elle correspond à de vrais efforts concrets menés tout au long de l’année. La startup a d’ailleurs publié un dossier sur les pistes à explorer pour améliorer la mixité dans la tech.
Voodoo, qui était également en-dessous du seuil d’alerte en 2021 avec un indice de 74/100, a également su remonter la barre pour atteindre 89/100 en 2022… et poursuivre sur sa lancée positive ? On attend avec impatience l’index 2023 !

Ce type de progressions montre bien que prise de conscience, humilité et constance sont les 3 clés de la parité !

Au niveau collectif également, la French Tech a réagi : Clara Chappaz a lancé le Pacte Parité au sein du #Next40/120 pour sensibiliser ces startups à ces enjeux, et, au-delà, les inciter à s’engager concrètement dans le changement.

En 2023, pour faire partie du French Tech Next40/120, les entreprises devront répondre à des critères de performance économiques « rehaussés » et s’engager à « mesurer leur impact en termes d’écologie, DE PARITE et d’inclusion »…. Et peut être en 2024 un engagement un peu plus ferme et prioritaire, comme « respecter la parité » ?

Pour en savoir plus : 
– L’ensemble des données rassemblées pour l’analyse bientôt disponible ici !

– Le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion a récemment mis en ligne un simulateur-calculateur très pratique pour connaître les index des sociétés 

Infographie Reemind : l'égalité hommes femmes dans la French Tech

L’égalité hommes femmes dans la French tech Next 40 : analyse de l’index Egapro et Palmarès

Published on 1 février 2023