Feminisation des

Les chiffres : 2 vitesses, 2 réalités différentes pour la parité au sommet

✔️ Pour la gouvernance statutaire, la progression est notable

la loi Copé-Zimmermann de 2011, qui impose plus de 40 % de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises, a initié une dynamique positive -> les objectifs sont atteints (attention, pour les grandes entreprises, pas pour les PME ni les startups !):
🔹 47,7 % de femmes dans les conseils du CAC 40
🔹 **46,6 % dans le SBF120

Mais pour les Comex et CoDir, c’est une autre histoire :

La loi Rixain de 2021, visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle dans les entreprises d’au moins 1 000 salariés, exige 30 % de femmes dans les Comex et autant dans les CoDir, à compter du 1er mars 2026. Mais à quelques mois de cette échéance, on est loin du compte : leur part est de 28,2 % pour les entreprises du CAC 40.
Le SBF120 affiche une dynamique similaire, avec une stagnation pointée par le baromètre IFA–Ethics & Boards.

La progression de la place des femmes aux postes de direction « s’effectue à un rythme bien plus lent que celui observé pour la féminisation des conseils d’administration », note l’IFA.

C’est très préoccupant : si l’on voulait atteindre l’échéance suivante prévue par la loi, 40 % de femmes dans les Comex et CoDir au 1er mars 2029, la mixité devrait avancer trois fois plus vite !

👉 La réussite sur les postes de gouvernance symbolique (boards) donne l’illusion d’un progrès global, alors que les fonctions de décision réelles — celles des Comex et Codir — stagnent dangereusement.

🇫🇷 Oui la France est plutôt bien positionnée dans le panorama international, où la part des femmes aux postes de leadership plafonne autour de 30 % en 2025, selon LinkedIn (analyse de 74 pays), mais ce ne sont pas des lauriers suffisamment glorieux pour s’y reposer !

 

🔍 Pourquoi ça bloque ? Nos constats

1️⃣ Conjoncture économique : priorité déplacée
Dans un contexte économique tendu, les dirigeants ont tendance à déplacer les priorités sur les sujets qu’ils perçoivent perçus comme « vitaux » reléguant la parité au second plan, alors que c’est un levier de performance fort.
👉 Il faut être d’autant plus vigilants dans les périodes troublées : c’est là que se prennent les décisions qui figent les trajectoires !

2️⃣ Effet “paravent” des boards :
La parité en cours de progression au sein des boards donne aux entreprises et à l’opinion l’illusion que « ça avance », et la mobilisation n’est pas suffisante.
👉 Il faut communiquer sur les chiffres Comex et aussi créer des ponts entre les pipelines NED -> ED

3️⃣ Fonctions cœur P&L sous-féminisées :
Dans la tech, les fonctions exécutives tech/produit/développement (CIO/DSI, CPO, CRO, COO) qui représentent le cœur de métier, restent sous-féminisées, même quand les boards sont quasi paritaires, or ce sont ces fonctions clés qui évoluent ensuite vers les rôles de DG/CEO. Inversement les femmes sont sur représentées aux fonctions de CMO, DRH, évoluant rarement vers des postes de CEO à terme.

4️⃣Critères de sélection conservateurs :
On privilégie le track record “identique” au détriment du potentiel prouvé (ex. ROI, transformation menée). Un réflexe qui va dans le sens de la reproduction du passé et non du changement !
👉Nos efforts au quotidien : travailler sur la repriorisation des critères pour ouvrir les chakras à des profils (éternellement ?) perçus comme « à potentiel »… les femmes !

4️⃣Sponsoring interne trop faible :
Les talents femmes bénéficient trop peu de soutien actif visible de la part de sponsors internes capables de leur ouvrir des chantiers à forte exposition (M&A, international…), ce qui limite leur trajectoire vers les postes clés.
👉D’où l’idée de « dynamique positive » et de mentoring de femmes dirigeantes qui cooptent d’autres femmes, quand leurs homologues masculins omettent de le faire (très souvent, donc)

🧭 Etat de la parité dans les CoDir en bref :

• Les entreprises avancent sur la conformité (targets), moins sur la projection : donner rapidement du périmètre (P&L, international, transformation data/IA) aux talents féminins.
• Le verrou structurel, c’est la féminisation du haut du pipeline tech (CPO/CIO/COO/CRO) : tant que ces fonctions restent masculines, la parité DG/CEO restera hors d’atteinte. Il est indispensable que les femmes occupent le terrain sur les postes n-1 pour faire le step up sur ces fonctions spécifiques.
• La transparence (salaires, critères d’avancement) est un levier… seulement si elle s’accompagne d’objectifs de trajectoire (jalons, mobilité, sponsors nommés). Sinon, elle fige l’existant.

🚀 3 leviers activables immédiatement :

✅ 1. Définir et imposer des KPIs de trajectoire (et pas seulement de représentation)
– % de femmes avec P&L > X M€, mobilité internationale, fonctions tech/produit (CIO, CPO, CTO…).
– Lier ces KPIs à la rémunération variable des N+1, pour responsabiliser les managers sur l’évolution des femmes dans leurs équipes. Et à celle des N-1/N-2, pour ancrer la mixité dans les décisions de nomination au plus haut niveau.

✅ 2. Organiser un sponsoring “CEO-ready” (sur 12–18 mois)
Les talents femmes bénéficient trop peu de soutien actif visible de la part de sponsors internes capables de leur ouvrir des chantiers à forte exposition (M&A, international…), ce qui limite leur trajectoire vers les postes clés.
👉 D’où l’idée de « dynamique positive » et de mentoring de femmes dirigeantes qui cooptent d’autres femmes, quand leurs homologues masculins omettent de le faire (très souvent, donc)

3. Recrutement basé sur le potentiel + scalabilité
– Sur les rôles exécutifs tech/produit, accepter des parcours non linéaires et des transferts de trajectoire (ex : CPO → DG BU) si la candidate coche les indicateurs de scalabilité (pilotage P&L, gouvernance, transformation).
– En search, réécrire le “casting” des CEO pour inclure intégrer des voies d’accès plus variées et des profils issus du marketing, des opérations, des people… et sécuriser l’onboarding (90 jours + sponsor + objectifs publics).

🎯 En résumé :

La parité en Comex n’est pas juste une statistique ; c’est un portefeuille de décisions (périmètre, mobilité, sponsoring, critères) à piloter comme un plan de performance.
📉 Les données 2025 montrent un palier difficile à passer.
📈 Le prochain saut viendra d’un changement de logique : passer de l’analyse d’un volume à l’instant t… à la gestion des trajectoires.


Sources utiles pour aller plus loin sur la parité dans les CoDir / Comex :

 

Baromètre IFA–Ethics & Boards 2025 de la gouvernance responsable avec état des lieux des Comex/Codir
Le Monde, Comex, Codir : la féminisation à la tête des entreprises avance à pas comptés, 27/02/2025
• Observatoire Skema de la féminisation des entreprises 
• BCG & SISTA 2024 : CAC 40 et loi Rixain : seulement 50 % des entreprises prêtes pour 2026
LinkedIn, The State of Women In Leadership

LinkedIn Economics Graph, The State of Women in Leadership Global Employment Trends
LinkedIn Economics Graph, The State of Women in Leadership Global Employment Trends
Publié le 4 novembre 2025